Ces eaux stagnantes où l'on s'embourbe jusqu'aux genoux regorgent de maladies inconnues, mais également de créatures résilientes. La Sève, dont l’influence s’étiole dans ces environs, y paraît moins hostile, ce qui en fait de propices terrains de chasse et de cueillette. Loin de s’annuler, le danger est néanmoins camouflé par une brume épaisse et permanente, ce qui rassure indûment les insouciants. Pourquoi fuir une menace invisible ?

Seul relief au milieu de ces mares, des édifices érodés par le temps se dressent, penchés sur leurs ancrages ou à moitié éboulés dans la vase. Les mieux préservés s’élèvent de quelques étages, mais les sols manquent de céder au moindre pas de trop. Les pilleurs et archéologues acceptent de grands périls pour y dénicher des vestiges inexplicables de races antérieures et les revendre sans jamais comprendre leur utilité.

Tout près de la côte, les ruisseaux s’écoulent paresseusement dans la mer. Un silence assourdissant se ponctue de cris inaudibles, comme si la frontière entre le monde des vivants et l’au-delà s’effaçait périodiquement. La brume chassée par le vent marin laisse entrapercevoir des silhouettes fantomatiques. Les endeuillés sans le repos y entreprennent des pèlerinages dans l’espoir d’apercevoir les êtres chers disparus.