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Loin du confort des résidences havriennes, et même des camps animistes de la zone rurale, ces ébauches de camps tribaux font pâle figure. Par nature éphémères, ils visent à épargner tout changement tangible sur l’environnement. Ils en seraient de toute façon délogés le cas contraire. Ils servent néanmoins de points de chute pour les animistes en pèlerinage, et permettent à nombre d’entre eux à découvrir des arcanes inexplorables dans l’enceinte de la ville.
À intervalles réguliers, comme des poinçons sur une carte de présence ouvrière, surgissent de grandes clairières dénuées d’arbres, voire de vie. A l’exception d’effigies animales et humaines, figées à jamais dans le temps. On recommande expressément de ne pas les parcourir. Non seulement elles exposent aux prédateurs aériens, mais elles sont également sources d’angoisses. Certains individus en reviennent persuadés d’avoir l’âme d’un chat, le désir de hurler à la lune, ou l’envie de forger un nid de brindilles.
La chaumine de la sorcière ne paie pas de mine. Elle se confond avec la nature environnante, et l’on peut aisément passer à côté sans la reconnaître. Pour cause, il se raconte que ce ne sont pas les voyageurs qui s’y rendent mais la chaumière qui se mouvrait pour aller à la rencontre des randonneurs. Les âmes perdues et les désespérés sont particulièrement susceptibles de rencontrer la Sorcière, qui propose des marchés sordides et rarement avantageux.
Une fosse que l’on estime grande de plusieurs kilomètres, et large d’une centaine de mètres, s’enfonce dans les profondeurs de la terre. En contrebas, on ne voit qu’une obscurité mise en exergue par des volutes de fumée sévique. Cette fumée immobile, que les courants d’air peinent à sortir de son inertie, rend la descente périlleuse. Au fur et à mesure que l’on s’éloigne de la surface pour rejoindre cet océan gazeux, on s’étiole. Le corps se dissout progressivement. On cesse d’exister.
La Forêt Mystique
Berceau du caprice, la forêt mystique surprend au moindre clignement des paupières. D’un sentier à l’autre, la densité végétale passe de clairsemée à oppressante, tandis que les branches se rejoignent sur votre passage pour dessiner d’occultes visages. Tantôt brumeuse, tantôt éclairée de milliers de faisceaux, ce n’est pas tant tourner en rond qui pose problème que de savoir si l’on est déjà passé par ces bois fluctuants. La forêt, comme guidée par une dichotomie poétique, peut vous présenter deux fruits semblables ; le premier empoisonne, le second revigore.
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